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Le CAES, c’était pas un peu ANAR...

Article de présentation du CAES publié par LE MONDE LIBERTAIRE à l’occasion du Congrès de la Fédération Anarchiste des 20, 21 et 22 mai 1994

samedi 25 septembre 2010, par Digreg

Le CAES, une expérience à suivre !

Une caserne de l’armé de l’air transformé en lieu de vie,
Un lieu de vie, terrain d’expérimentation et d’association harmonieuse et autogéré de l’habitat, du travail, des loisirs, et des cultures.
Cela risquait de tourner à la gageure ou à la bonne aventure.
Le CAES (Centre autonome d’expérimentation sociale) s’inscrit depuis toujours dans les deux campagnes de la Fédération anarchiste concernant le partage du travail et des richesses et la lutte contre le nouvel Ordre moral.

La situation, terrain appartenant à l’État, pour le moins étrange du squat a participé à la longévité du CAES (12 ans). Le pouvoir local ne pouvant le déloger à son gré, sa vie a donc été ponctué de batailles ministérielles et d’oubli administratif. Aujourd’hui, le CAES a accepté le projet d’un bail emphytéotique de 92 ans de 10.000 F par an obligeant les habitants à réhabiliter les lieux. La légalisation permettra d’avoir des subventions. Espérons qu’elle n’enlèvera pas l’esprit libertaire et alternatif au CAES.

L’association CAES gère les locaux, fédère les activités avec un bureau collégial de 8 personnes dont une permanente, nommés pour un an. L’assemblé générale des adhérents est décisionnelle.
Y vivre, y travailler demande l’adhésion de chaque habitant, association et entreprise : paiement des participations aux frais généraux (électricité, eau, réhabilitation des lieux), au fonds de soutien. Un contrat moral est discuté régulièrement pour l’entraide et l’investissement personnel. Cela répond au refus de la parcellisation de la vie quotidienne afin de limiter l’assistanat et favoriser les responsabilités et l’autonomie.

L’habitat qui regroupe en permanence 80 personnes est de trois catégories : individuel, collectif et provisoires (caravanes, foyer international). Tous est rénové en auto-réalisation.

Le projet économique répond aux soucis de développer des activités autonomes et complémentaires, d’insérer en priorité les habitants ne trouvant pas, ou ne voulant pas trouver leur place au sein des structures traditionnelles.

La principale richesse de création et d’expérimentation du CAES provient du métissage des origines, des capacités et des compétences différentes.
Les structures juridiques sont aussi bien associatives, artisanales, coopératives ou SARL. Les salaires sont toujours égaux, la gestion est collective et les tâches et les responsabilités et le temps de travail sont librement partagés.
Par exemple la SARL 7D (création murs d’escalade) qui avait pour actionnaire majoritaire le CAES et ses salariés a pu réinvestir la majorité du bénéfice dans la réhabilitation des lieux et a apporté une forte dynamique.
Tous ceux et toutes celles qui vivent et travaillent dans le CAES n’ont pas les mêmes besoins économiques qu’ailleurs, car il n’ont pas les mêmes charges. Si la voiture est en panne il ou elle va à L’indienne où on lui prêtera les outils et où on l’aidera à la réparer. On vit grâce à l’échange de compétence.
Ce système d’entraide s’exerce aussi à l’extérieur : par ex. l’impression de tract pour le comité des mal logés, ou l’escalade de l’arc de triomphe à Paris pour y mettre une banderole.

Les activités ne sont pas cloisonnés. Lorsqu’un sculpteur, un plombier et un soudeur se rencontrent qu’est-ce qu’ils se racontent, des histoires de radiateurs. Ainsi naquit les sculptures chauffantes en fonte.

Le domaine social comporte un hébergement provisoire des personnes en difficultés, généralement renvoyés des autres centres, qui seront suivis par des éducateurs.
L’association Extra Muros permet à des handicapés mentaux d’avoir des activités de sérigraphie, de musique, de théâtre leur permettant des expériences, des contacts différents.

Le domaine culturel et artistique permet d’offrir des ateliers pour les arts plastiques, des salles de répétitions et toutes les préparations nécessaires à un spectacle, des salles de concert, un studio d’enregistrement, l’hébergement des cirques de passage. Tout ce qui permet d’échapper à la main mise de la culture sur Paris et d’être indépendant des circuits classiques. Des groupes comme la Mano Négra et les Négresses Vertes ont débuté la-bas.

L’Ordre moral qui se nourrit de la disparition des mouvements sociaux et de l’isolement des individus n’a pas de place au CAES. La création d’espace, de concertation et d’action d’entraide et d’autogestion comme on les trouve au CAES, ou l’école Bonaventure peuvent être à l’origine de nouvelles pratiques sociales, d’espace de revendication et de proposition, de théorie enfin lié au concret. C’est quand même pas pour rien qu’ils accueilleront le congrès de la FA.

Si vous voulez joindre le CAES 1bis, rue Edmond Bonté 91130 Ris Orangis. Concert et pièce de théâtre en soutien les 20 et 21 mai 20 heures (après le congrès) café théâtre la Dame bleue. A Bientôt.

Sylvie Di Costanzo. (groupe Ubu Paris).

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